Infolettre — Avril 2021

Pandémie de COVID-19 et services en français

L’année 2020 a été marquée par la propagation mondiale du coronavirus. Cette situation unique, à laquelle les gouvernements ont dû répondre, a illustré le besoin d’assurer la bonne circulation de l’information auprès des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Confrontés à cette nouvelle réalité, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont fait preuve de résilience et ont mis en œuvre plusieurs initiatives pour s’assurer de rejoindre leurs communautés francophones.

Table des matières

L’importance de la traduction et de la diffusion de l’information en français

La crise sanitaire a nécessité la production de nombreux documents, que ce soit de l’information générale sur la pandémie, des décrets de santé publique, des plans de vaccination, ou encore des mesures de soutien financier, social et économique. Chaque gouvernement a alors augmenté sa capacité de traduction pour être en mesure de publier les informations cruciales en français. En Alberta, l’année 2020 a connu une augmentation de plus 50 % de mots traduits par rapport à l’année précédente, passant de 135 documents, traduits et diffusés aux Albertaines et Albertains d’expression française, à 299. Au Nunavut, les volumes de traduction ont explosé afin de partager l’information, non pas dans deux, mais dans toutes les langues officielles du territoire. Le Bureau de la traduction du gouvernement du Canada a pour sa part développé un lexique sur la COVID‑19, disponible en ligne et bonifié chaque semaine. Les Territoires‑du-Nord-Ouest et l’Île‑du‑Prince‑Édouard ont, quant à eux, rendu leurs services de traduction disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, y compris les jours fériés. Pour garder informée sa population francophone, le gouvernement de la Colombie-Britannique a mis en œuvre un nouveau système de communication : les organismes francophones reçoivent dorénavant un courriel d’avis dès la mise en ligne d’informations liées à la COVID‑19 dans la langue de Molière.

L’utilisation des technologies

Afin de rendre l’information traduite accessible à leur communauté, tous les gouvernements ont ajusté leur site Internet pour rassembler les informations primordiales liées à la COVID‑19 dans une section Web en français. On y retrouve, entre autres, des conseils et restrictions entourant les déplacements. Le site du gouvernement de la Nouvelle-Écosse met notamment à disposition, intégralement en français, le formulaire Contrôle santé et les modalités pour entrer dans la province. Sur les sites des gouvernements de la Saskatchewan et de Terre-Neuve-et-Labrador, on y rassemble également les communications du ministère de l’Éducation qui sont d’intérêt pour les parents, les étudiants et les établissements francophones.

Certains gouvernements ont la capacité d’animer les points de presse dans les deux langues. C’est notamment le cas pour la Colombie-Britannique, où le ministre de la Santé et ministre responsable des affaires francophones, l’honorable Adrian Dix, procède à ses mises à jour en anglais et en français. Ou encore pour le Yukon et l’Île-du-Prince-Édouard, dont le bilinguisme des médecins hygiénistes en chef permet aux médias de poser leurs questions dans la langue de leur choix. D’ailleurs, ces deux médecins se sont hissés au palmarès 2020 des 10 personnalités influentes de la francophonie canadienne. Dans plusieurs provinces, lorsque l’intervenant principal ne peut s’exprimer en français, l’interprétation simultanée est disponible en direct, comme au Nouveau-Brunswick ou en Ontario, ou alors en différé, comme au Manitoba. Pour la grande majorité, les points de presse gouvernementaux sont archivés et rendus disponibles dans les médias sociaux ou les sites Internet des gouvernements.

Outre l’interprétation simultanée et dans un souci de rejoindre le plus grand nombre, le gouvernement fédéral et le gouvernement du Nouveau‑Brunswick proposent une interprétation dans la langue des signes québécoise en plus de la langue des signes américaine. Le gouvernement de l’Ontario a opté pour l’utilisation de sous-titres en français.

De nouveaux services et projets

Afin de garder le contact avec les communautés de langue officielle minoritaire, des lignes d’appel bilingues ont été créées. Au Yukon, tout comme au Nouveau-Brunswick, la ligne permet de fournir de l’information non médicale en lien avec la COVID‑19, dans la langue de choix de l’appelant. Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador propose des services d’appui linguistique, par téléphone, aux employés responsables du contrôle des passages frontaliers.

De plus, le gouvernement du Québec, grâce à son Programme d’appui à la francophonie canadienne, a soutenu plus de 90 projets, investissant plus de 1,7 million de dollars, pour faire rayonner la francophonie canadienne pendant la pandémie. Parmi eux, le financement d’un magazine illustré pour les enfants au sujet de la COVID‑19 produit en mai 2020 par l’hebdomadaire francophone du Manitoba La Liberté en collaboration avec le journal Le Soleil. Cet appui à la culture francophone et acadienne s’est aussi exprimé par le soutien financier alloué au projet pancanadien Regards sans masques, de la Fédération culturelle canadienne-française, portant sur la relance du secteur artistique et culturel francophone au Canada. Le Centre de la francophonie des Amériques a, pour sa part, fourni plusieurs ressources en ligne et a diffusé plusieurs concerts, contribuant ainsi à faire résonner la culture francophone dans les foyers d’une population confinée, partout au Canada.

Des publications spéciales

Plusieurs gouvernements se sont servis de leurs médias communautaires pour rester en contact avec leur population, en y plaçant des annonces d’intérêt public. Notamment, le gouvernement de la Saskatchewan a investi dans de nombreuses publicités en lien avec la pandémie dans le journal L’Eau vive. Le gouvernement de l’Ontario a lancé une campagne de sensibilisation en plusieurs phases; le contenu de chaque phase a été entièrement traduit en français et distribué par les nombreux médias traditionnels et numériques. Plusieurs sites Web, les médias sociaux et l’affichage extérieur ont été inclus dans cette campagne. Le gouvernement du Yukon a publié dans l’Aurore boréale un dossier de huit pages énumérant l’ensemble des recommandations et mesures spéciales en vigueur dans son territoire. Au Manitoba, une campagne publicitaire destinée aux jeunes a été lancée simultanément en français et en anglais; elle visait à inciter au respect des consignes de la Santé publique.

La collaboration intergouvernementale

Le gouvernement du Canada a mis en œuvre l’application bilingue Alerte COVID, qui envoie une notification en cas de contact avec quelqu’un qui a reçu un diagnostic positif de COVID‑19. La promotion de cette nouvelle application au sein des provinces et territoires s’est faite lors des conférences de presse fédérales.

Dès avril 2020, le gouvernement du Québec a produit une version adaptée de son Guide autosoins pouvant être utilisée par tous les francophones à l’échelle du pays. Le guide propose de l’information fiable et complète sur la pandémie.

Enfin, cette crise sanitaire sans précédent a permis de mettre en évidence le nombre d’élus capables de s’exprimer en français dans presque toutes les provinces et tous les territoires. Ils ne sont plus l’exception. Ils sont nombreux. Qu’il s’agisse des premiers ministres, des ministres ou des hauts fonctionnaires, de plus en plus de personnes au service de la population peuvent communiquer sans intermédiaire avec leur minorité francophone. Un grand nombre d’entre eux font partie du Conseil des ministres sur la francophonie canadienne et s’investissent pour assurer le mieux-être des francophones, Acadiennes et Acadiens dans l’ensemble du pays.

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Le texte présenté ici recense quelques initiatives gouvernementales, mais ne constitue pas une liste exhaustive des actions des gouvernements.